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SVANTE PÄÄBO
Néandertal
A la recherche des génomes perdus

Traduction de l'anglais de Françoise, Lise et Paul Chemla
Préface de Jean-Claude Ameisen

"Après treize années d’efforts, en 2010, Pääbo et ses collaborateurs ont enfin réussi un exploit auparavant considéré comme impossible : ils publient dans Science la première séquence complète de l’ADN de néandertalien. Il s’agit d’une séquence composite, reconstituée à partir de molécules d’ADN isolées des os de trois néandertaliens qui vivaient il y a environ 40 000 ans. Et l’étude révèle que d’1 à 3 % de l’ADN de Neandertal est présent dans l’ADN d’une grande partie de l’humanité d’aujourd’hui.
-Cela contredisait ce que moi-même j’avais cru être vrai, écrira Pääbo. Les hommes et les femmes de Neandertal ne s’étaient pas totalement éteints. Leur ADN persistait aujourd’hui dans l’humanité. "

John Hawks : "  Ces scientifiques ont fait un immense cadeau à l’humanité », a-t-il écrit sur son blog. « Le génome de Néandertal nous donne une image de nous-mêmes vue de l’extérieur. Nous pouvons voir, et à présent étudier, les changements génétiques fondamentaux qui ont fait de nous des humains – ce qui a rendu possible notre émergence en tant qu’espèce mondiale. […] C’est l’anthropologie telle qu’elle doit être. "

 


Arbre des humains et des grands singes.
Il indique, approximativement, à quel moment ils ont pu partager des ancêtres communs (bien que ces dates soient très incertaines)


 À leur sortie d’Afrique, les premiers humains modernes se sont métissés avec les Néandertaliens puis sont partis peupler le reste du monde non africain. Ils ont ainsi introduit de l’ADN néandertalien dans des régions où l’homme de Néandertal n’avait jamais vécu. Telle est la thèse qu’illustre cette figure. Même en Chine, par exemple, environ 2 % de l’ADN de la population vient des Néandertaliens.

KOSTAS PAPAIOANNOU
De la critique du ciel
A la critique de la terre
(l'itinéraire philosophique du jeune Marx)

"Le même processus d'objectivation et d'aliénation qui se passe dans la religion déploie aussi sa puissance dans le monde de l'économie. Aussi longtemps que l'homme sera incapable d'organiser sa vie comme « être générique », aussi longtemps donc que le « besoin égoïste » sera le seul lien social, le « besoin pratique » ne pourra enfanter que des monstres : le « trafic » et le règne de l'argent."

Octavio Paz, le poète mexicain, fit la connaissance de Kostas dès 1946, au café de Flore. Il a évoqué cette rencontre dans un beau poème, écrit après la mort de son ami grec,

Pour Kostas Papaioannou :
« J'avais trente ans, je venais d'Amérique et je cherchais l'œuf du Phénix parmi les flammèches de 1946
...

MARIO PERNIOLA
Le sex-appeal de l'inorganique

"Plus généralement, sexualité, musique et philosophie se rencontrent dans le fait de promouvoir le passage d'un horizon d'insuffisance, de précarité et de rareté de l'expérience, lié à la fuite inexorable du temps, à une perspective de disponibilité, de jouissance immédiate, ouverte par la possibilité d'accéder sans attendre à une offre spatiale toujours virtuellement présente."


STEPHANIE HENETTE
THOMAS PIKETTY
GUILLAUME SACRISTE
ANTOINE VAUCHEZ
Pour un traité de démocratisation de l'Europe

"Tout à la fois puissant et insaisissable, le gouvernement de la zone euro s'est développé en fait dans l'angle mort des contrôles politiques, dans une sorte de trou noir démocratique. Qui contrôle, en effet, l'écriture des Mémorandums qui imposent des réformes structurelles considérables en échange de l'aide financière du Mécanisme européen de stabilité? Qui suit l'activité exécutive des institutions qui composent la troïka ? Qui évalue les décisions prises au sein du Conseil européen des chefs d'État de la zone euro ? Qui sait ce qui se négocie au cœur des deux comités centraux de l'Eurogroupe que sont le comité de politique économique et le comité économique et financier?Ni les parlements nationaux, qui ne contrôlent dans le meilleur des cas que leur propre gouvernement, ni le Parlement européen, qui a été soigneusement placé à la marge du gouvernement de la zone euro. Opaque et fonctionnant en vase clos, ce gouvernement de la zone euro a en somme bien mérité les critiques qui se concentrent sur lui, à commencer par celles de Jürgen Habermas qui n'hésite pas à parler à son propos d'« autocratie post-démocratique » !
Or ce déni démocratique n'est pas qu'une question de principe, ni qu'un enjeu d'équilibre des pouvoirs, loin s'en faut. Il a des effets bien réels sur la teneur même des politiques économiques conduites dans la zone euro. Il mène à une forme de surdité aux lanceurs d'alerte et autres voix dissonantes - comme on le voit aujourd'hui encore, face au chœur pratiquement unanime des économistes qui soulignent le caractère inéluctable de la renégociation de la dette grecque. Il favorise aussi une grande insensibilité aux signaux politiques pourtant lourds qu'envoient désormais les votes nationaux, qui ne cessent de pointer la montée d'un populisme d'extrême droite. Sur le fond, cette structure de pouvoir conduit à surestimer les enjeux liés à la stabilité financière et à la « confiance des marchés », et à sous-estimer les thèmes qui sont les plus susceptibles d'intéresser directement le plus grand nombre, à l'image des politiques de l'emploi, de la croissance, de la convergence fiscale, de la cohésion sociale et de la solidarité, etc.

Il y a donc urgence à rehausser la garde démocratique et à replacer la démocratie représentative au cœur des politiques économiques européennes. Il est grand temps de sortir de l'opacité et de l'irresponsabilité politiques dans lesquelles évolue ce nouveau pouvoir européen en introduisant en son cœur une institution démocratiquement élue."

THOMAS PIKETTY
L'économie des inégalités

"L'effet de la composition sociale des élèves de l'école et du quartier d'habitation est beaucoup plus important que l'effet des dépenses d'éducation en tant que telles....

...d'où la nécessité de faire appel à des moyens de redistribution plus radicaux, comme l'utilisation de cartes scolaires ambitieuses obligeant les parents de milieux différents à envoyer leurs enfants dans les mêmes écoles, à défaut de pouvoir vraiment les obliger à vivre ensemble (ce qui serait encore mieux)."

 


GUILLAUME PITRON
La guerre des métaux rares
La face cachée de la transition énergétique et numérique

"Soutenir le changement de notre modèle énergétique exige déjà un doublement de la production de métaux rares tous les quinze ans environ, et nécessitera au cours des trente prochaines années d’extraire davantage de minerais que ce que l’humanité a prélevé depuis 70 000 ans."

"En voulant nous émanciper des énergies fossiles, en basculant d’un ordre ancien vers un monde nouveau, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance, plus forte encore. Robotique, intelligence artificielle, hôpital numérique, cybersécurité, biotechnologies médicales, objets connectés, nanoélectronique, voitures sans chauffeur… Tous les pans les plus stratégiques des économies du futur, toutes les technologies qui décupleront nos capacités de calcul et moderniseront notre façon de consommer de l’énergie, le moindre de nos gestes quotidien et même nos grands choix collectifs vont se révéler totalement tributaires des métaux rares. Ces ressources vont devenir le socle élémentaire, tangible, palpable, du XXIe siècle. Or, cette addiction esquisse déjà les contours d’un futur qu’aucun oracle n’avait prédit. Nous pensions nous affranchir des pénuries, des tensions et des crises créées par notre appétit de pétrole et de charbon ; nous sommes en train de leur substituer un monde nouveau de pénuries, de tensions et de crises inédites."


"Or les études prédisent que, à l’horizon 2030, la demande de germanium va doubler, celle de dysprosium et de tantale quadrupler, et celle de palladium quintupler. Le marché du scandium pourrait être multiplié par neuf, et celui du cobalt par… vingt-quatre ."

"L’unité de la Commission européenne en charge des matières premières dresse une carte des zones de production des métaux rares dans le monde. On y apprend que l’Afrique du Sud est un important producteur de platine et de rhodium, la Russie de palladium, les États-Unis de béryllium, le Brésil de niobium, la Turquie de borate, le Rwanda de tantale, la République démocratique du Congo (RDC) de cobalt… Toutefois, c’est des mines chinoises que proviennent la majorité de ces métaux. C’est le cas de l’antimoine, du germanium, de l’indium, du gallium, du spath fluor, du graphite, du tungstène, et surtout des rois des métaux verts, ceux qui, à cause de leurs stupéfiantes propriétés électromagnétiques, optiques, catalytiques et chimiques, surpassent tous les autres en performance et en renommée : les terres rares. Il s’agit d’une grande cousinade de 17 éléments affublés de noms aussi exotiques que scandium, yttrium, lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, samarium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium, lutécium et prométhium ."

BLAISE BACHOFEN, SION ELBAZ ET NICOLAS POIRIER

CORNELIUS CASTORIADIS
REINVENTER L'AUTONOMIE

Castoriadis, penseur de la décroissance. Serge Latouche.

... la société de croissance non seulement n'est pas souhaitable, mais encore elle n'est pas soutenable! Ces deux aspects se retrouvent dans la pensée de Castoriadis. « Il n'y a pas seulement la dilapidation irréversible du milieu et des ressources non remplaçables. Il y a aussi la destruction anthropologique des êtres humains transformés en bêtes productrices et consommatrices, en zappeurs abrutis ». Le projet d'une société de décroissance articule ainsi un ensemble de thématiques qui entrent en résonance avec la pensée de Castoriadis. On peut regrouper celles-ci autour de deux axes principaux: la décroissance, l'autonomie et la démocratie écologique, d'une part, et la décolonisation de l'imaginaire et la réalisation de la société de décroissance, d'autre part.


NICOLAS POIRIER
Castoriadis
L'imaginaire radical

""Le vivant s'auto-constitue, il est pour soi..." Castoriadis
La cellule vivante n'existe pas, bien sûr, pour elle-même, mais on peut toutefois la définir comme un soi, sans quoi elle ne serait rien -, et auquel on puisse attribuer les trois déterminations essentielles de l'intention, de l'affect et de la représentation qui sont celles du pour-soi...


NEIL POSTMAN
Technopoly

"La caste qui contrôle les rouages d'une technique accumule un pouvoir qui finit par se retourner contre les ignorants."

"Plus proche de nous, l'écrivain C. S. Lewis tenait la bureaucratie pour l'incarnation technique du diable en personne :

Je vis à l'époque du management, dans un monde régi par l'administration. Le mal absolu ne se manifeste pas aujourd'hui dans ces sordides « antres du crime » que Dickens aimait à peindre. Ni même dans les camps de concentration ou de travail. Dans ceux- là nous ne voyons que son résultat final. Il est plutôt conçu et commandé (...) dans des bureaux propres, moquettés, chauffés et bien éclairés, par des hommes en cols blancs et manucurés, rasés de frais, qui n'ont pas besoin d'élever la voix. Il en découle assez naturellement que le symbole de l'enfer ressemble pour moi à la bureaucratie d'un État policier ou aux bureaux d'une entreprise véreuse."

"De la sorte, chaque élève, même dès son plus jeune âge, pourrait commencer à comprendre, contrairement à aujourd’hui, que la connaissance n’est pas une chose établie, mais un stade de développement de l’humanité, avec un passé et un avenir."
 " Il est enfin temps de leur apprendre que la science est un exercice de l’imagination humaine, qu’elle diffère de la technologie, qu’il existe plusieurs « philosophies » de la science, et que tous ces aspects sont dignes d’intérêt."


JEAN-LOUIS PRAT
Introduction à Castoriadis

« Mais supposons qu'il y ait des barbares et qu'ils se présentent ici. Que pourrions-nous faire? Ou bien les barbares veulent effectivement nous égorger et la seule question qui se pose alors est celle du rapport de force : ils nous égorgent ou nous les égorgeons. Ou bien une discussion est possible, et dans ce cas il faut se plier à certaines règles d'usage du langage et ne pas chercher, dans la discussion, la victoire par la violence, par la violence du discours, mais l'élucidation des questions: la "civilisation" n'est rien d'autre que cela » Castoriadis. Domaines de l'homme